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DISCOURS

Cloche parle à l’âme. Quel grand mot et qu’il dit de choses si nous savons l’entendre ! Les hommes peuvent bien parler aux sens, parler à l’imagination, parler aux passions, parler à l’esprit ; que dis-je ? les hommes peuvent bien parler de ce qui regarde l’âme, de Dieu, du devoir, de l’avenir, de la destinée, en un mot des choses de l’âme ; mais ne nous y trompons point, ils ne peuvent parler à l’âme. Ils font du bruit à ses portes ; si vous le voulez, ils font du bruit à ses oreilles ; mais leur parole lui est un idiome étranger, et qui ne lui dit rien, et qui ne saurait dès lors ni la toucher ni l’émouvoir. La langue de l’âme, mes Frères, c’est la plus sublime des langues. Cette langue-là, elle emprunte bien à l’air ses bruits pour frapper l’oreille du corps ; au discours, ses mots pour y incarner ses idées ; mais elle n’a rien de commun avec ce que font penser ou sentir les langues mortelles. Cette langue-là est divine : d’un mot, elle révèle tout un monde ;