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parisien, M. Ranc traverse vivement les carrefours et passages de la ville qu’il porte tout entière dans son cœur. Il aime Paris d’un amour exclusif, il ne pourrait vivre ailleurs. La vie hors de Paris n’est plus pour lui qu’une privation de la vie. « Être à Paris, a dit quelqu’un, c’est être dans le sens absolu ; être ailleurs, c’est être à certains égards seulement. » Pour M. Ranc, c’est bien autre chose encore : être ailleurs, c’est cesser d’être.

Il n’est pas voyageur, quoiqu’il ait été obligé de voyager souvent. Ni les langues étrangères ni les régions étrangères n’ont d’attrait pour lui. Il a la conviction arrêtée qu’il est possible, avec quelques écrivains choisis de France et sur l’étroite bande de notre planète qui va de la Madeleine à la Bastille ou de l’Observatoire aux buttes Montmartre, qu’il est possible, dis-je, d’accumuler toute la somme d’expérience et de savoir qui est dans les moyens d’un homme moderne. Ce n’est pas lui qui poursuivra les idées, l’esprit et les images d’une extrémité à l’autre de l’univers, sans les rencontrer. Dans ce cadre inépuisablement varié et changeant de Paris il trouve tout ce qu’il faut pour la nourriture de son être intellectuel, et il le nourrit