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mandes autour de Paris. Il fit arrêter le prince de Joinville à peine débarqué et, sans reprendre haleine, le reconduisit lui-même à Saint-Malo et le remit en mer de la façon la plus expéditive et la plus courtoise. La haute ironie de la main de fer sous le gant de velours ne fut jamais plus vraie.

À l’armistice, il fut élu représentant de la Seine, le dix-septième sur une liste de quarante-trois : il avait obtenu 126,533 suffrages. Il avait déclaré à l’avance qu’il réglerait sa conduite sur celle des représentants de l’Alsace-Lorraine. Il vota contre les préliminaires de paix et donna sa démission. De Bordeaux, il se rendit à Rozan, où il passa une quinzaine de jours. Pendant ce temps, Paris, exaspéré par le siège, en proie à tous les sentiments les plus violents de l’angoisse patriotique, de l’horreur de la veille et de l’inquiétude du lendemain, ne voyait que du noir tout autour de lui. L’avenir semblait bouché. On ressentait une sensation d’écrasement indicible. On vaguait, comme ivre et fou, dans la nuit. Partout couvait un feu sombre : l’incendie éclata le 18 mars. C’est le 18 mars au soir que M. Ranc, quittant son repos de Rozan, reprenait la route de Paris. À Orléans, il apprend ce qui