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après leur départ de Lambèse, les trois amis, à âne et à cheval, firent leur entrée solennelle dans la ville de Tunis. « C’est ainsi qu’un étudiant, un instituteur et un peintre, tous trois transportés sans jugement, eurent l’ineffable plaisir de tirer leur révérence aux geôliers de M. Bonaparte. » De là, M. Ranc gagna Gênes et la Suisse, où il accepta pour vivre le poste de directeur des études dans un pensionnat, à Cully, près de Genève.

Rentré en France après l’amnistie de 1859, il fut d’abord correcteur au journal l’Opinion nationale. Il ne tarda pas à devenir l’un des journalistes les plus féconds et les plus variés de Paris, l’un des plus redoutés de l’empire. Il collabora au Courrier du Dimanche, au Nain Jaune, au Journal de Paris, à la Cloche, au Réveil, et prit part à la fondation du Diable à quatre. Il excella dans cette guerre de plume, qui, sous toutes les formes de la polémique et de l’ironie, de l’allusion, de l’anecdote, des contes en l’air, avait en moins de dix ans émietté le colosse de l’empire et si bien préparé la ruine du régime de Décembre, qu’il ne semblait plus pouvoir tenir quand éclata la guerre avec la Prusse.