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souliers impraticables pour une marche forcée, ou blesser le cœur tendre de Petremann : il n’y avait pas de milieu. M. Ranc mit les souliers ; il faillit en mourir ; il en fut quitte, en définitive, pour la perte de tous les ongles du pied droit à son arrivée à Constantine.

Ce qui frappe le plus dans cet émouvant récit, c’est d’abord la profonde connaissance des hommes, le don que paraît avoir M. Ranc de s’en faire immédiatement des amis, et puis la mise en œuvre des moyens les plus simples, les plus élémentaires, avec un tour de main qui leur communique une suprême puissance et en tire de prodigieux effets ; leur auteur en parle très simplement, car il les a prévus et calculés, il connaît les effets et les causes. En politique, non pas seulement dans une entreprise d’évasion, mais dans la conduite générale des hommes et des affaires, ce sont là des facultés maîtresses et des méthodes de la plus haute portée. Nul doute qu’elles n’aient exercé une action décisive sur toute la marche de l’existence de M. Ranc et qu’il n’en ait obtenu des résultats importants dans la plupart des circonstances difficiles de sa vie.

Le 24 août 1856, deux mois jour pour jour