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vir. On ne sait pas ce qui peut arriver. Il suffira de savoir que l’idée m’en avait été suggérée par la Lettre volée, d’Edgar Poe. Mettre en pleine lumière et sous le nez même de ceux qui me fouillaient l’objet qu’il s’agissait de soustraire à leurs recherches ; voilà le principe. L’application était délicate ; il fallait un bonheur constant ; le moindre hasard pouvait me trahir ; la chance ne me fit pas défaut. Mon petit manège n’avait pas échappé au vieux forçat, mon compagnon de route ; il m’admirait fort.

— Ah ! monsieur le politique, me répétait-il chaque fois que je venais d’échapper à une perquisition : c’est joliment travaillé ! Mais, méfiez-vous, il ne faut qu’un coup pour être pincé. Ce vieux diable avait une honnêteté à lui. Il me garda le secret et ne me dénonça pas. »

M. Ranc raconte ensuite comment il avait formé d’abord le dessein de partir seul, comment il jugea meilleur, après réflexion, d’avoir des camarades, comment il sut découvrir du premier coup d’œil deux hommes sûrs et résolus : un instituteur du département de la Nièvre, nommé Sourd, et Balland, un peintre en décors du département du Cher. Jusqu’alors,