Page:Depasse - Ranc, 1883.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Son arrivée à Lambessa, et dans quel état ! ses misères gaiement supportées, ses espérances, ses projets de fuite et son évasion, M. Ranc a raconté lui-même cette odyssée dans une brochure qui a paru en 1871, à Bruxelles, sous le titre : Une évasion de Lambèse, souvenirs d’un excursionniste malgré lui. Sur cent cinquante transportés, qui, dans l’espace de six ou sept ans, avaient tenté l’entreprise, une dizaine tout au plus avaient réussi. M. Ranc avait une chance de plus que les autres : sans compter son habileté, la profondeur de ses calculs, la vigueur de ses membres, il avait ce qui constitue le nerf même de l’évasion : de l’or. « J’étais parvenu, dit-il, à apporter à Lambèse mille francs en or. Mille francs en or ! Et pourtant combien de fois et avec quel soin j’avais été fouillé depuis Paris jusqu’à Batna, depuis la grande Roquette jusqu’au greffe de Lambèse ! J’avais inventé, pour sauver ces bienheureux mille francs, un procédé d’une triomphante simplicité. La première fois, je ne l’essayai qu’en tremblant. Je me croyais pris. Pas du tout, réussite complète ! Je ne dirai pas ici comment je m’y prenais. Le système est trop bon pour être divulgué. Il pourra encore ser-