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excellentes. Ce n’est pas autrement que peut s’élever un grand parti, une force politique capable d’organisation et de gouvernement dans une démocratie libre. Ceux qui ne savent pas céder, se mettre au point des circonstances et des hommes, ne dirigeront pas ; ils mourront inutiles à leur pays, sans action sur leur temps, malgré l’énormité de leur effort. M. Ranc possède au plus haut degré cette vertu politique, qui fait qu’on renonce aux trois quarts de son idéal pour obtenir la réalisation du dernier quart. C’est ainsi qu’il a mérité d’être parmi les hommes rares qui inspirent et conduisent leur parti et l’opinion.

Son éducation politique a été longue et dure. Il nous en raconte lui-même les origines dans le Roman d’une conspiration. « Quand j’étais tout petit, j’habitais avec mes parents à Poitiers, place du Pilori… C’était, comme son nom aimable l’indique, la place où les condamnés étaient exposés publiquement, attachés au carcan. C’était là aussi qu’on exécutait. Jusque sous la Restauration, l’échafaud s’y est dressé. Le général Berton y a été guillotiné en 1822. On m’a montré souvent, dans mon enfance, l’endroit même où cette tête courageuse