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gardé son indépendance, même à l’égard de ses amis les plus chers, ce qui est rare. Membre fidèle d’un certain groupe et devenu président de ce groupe, il conserve précieusement certaines idées personnelles qui vont en deçà ou au delà de la ligne généralement adoptée. Mais il y introduit une discrétion et un tact qui sauvent tout. Il ne renonce pas à ces idées qui lui sont personnelles, mais il en ajourne l’expression ; il serait bien fâché d’en tirer quelque profit vulgaire de vanité et d’originalité douteuse. Ne dussent-elles pas trouver, dans tout le cours de sa vie, un commencement d’application, il les conservera pour lui-même, sans impatience, sans ambition de propagande, comme l’aliment et le soutien de son honneur intellectuel et de sa vie morale. C’est comme une petite et vive lumière, qu’il abrite dans le creux de ses deux mains pour que les yeux des autres n’en soient point blessés. Il ne la montre pas, il ne l’affiche pas ; ses amis les plus proches peuvent en ignorer la présence, s’ils n’ont pas déployé toutes leurs facultés d’investigation ; mais cette petite lumière éclaire toute sa vie et guide tous ses pas.

M. Ranc jouit d’une grande autorité dans