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C’est le danger de ce style bref et mordant : il est si facile d’en extraire quatre mots qui forment balle et de les renvoyer à leur auteur. Personne plus que M. Ranc n’a l’emphase en mépris : les vagues déclarations ampoulées lui causent une invincible répulsion. Il va droit au fait et à l’homme, enlève les masques et manque absolument de respect pour les puissances de ce monde, quelles qu’elles puissent être, pour les écoles, les académies, les formules et les formes. Il poussera la sincérité de la phrase et la loyauté de la langue jusqu’à la sécheresse et la nudité. Vraiment, c’est un lettré et des plus fins, critique, romancier, journaliste, mais sa littérature est toujours le vêtement de principes inflexibles. Romans, critique littéraire, article de journaux, tout a pour but la république et la démocratie. M. Ranc ne sera jamais d’une association qui a pour objet de protéger les intérêts matériels de la littérature. Il n’écrit que pour son parti et pour la patrie, pour la gloire et pour la liberté. Il a cette haute et exquise conscience de l’écrivain d’autrefois, qui se croit amoindri et humilié s’il tire de sa plume plus que le strict nécessaire. Il se moque de la propriété littéraire, il a en horreur la con-