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sière ? Non, non ! Demain, ce jeune séminariste sera vicaire dans une grande ville ou desservant dans une campagne ; demain, il sera mêlé à la vie commune, face à face avec les secrets les plus intimes, aux prises avec les difficultés les plus poignantes ; demain, il sentira à côté de lui, toutes chaudes, vibrantes et palpitantes, les réalités de ces problèmes casuistiques dont ses livres lui auront donné la théorie. (Applaudissements prolongés.)

« Oui, aujourd’hui c’est un lévite innocent, ignorant ; il est là, prosterné dans l’église obscure, silencieuse ; il n’a jamais entendu que les paroles sacrées… Et demain ? Demain, il sera dans la chapelle obscure et silencieuse aussi, embaumée, enivrante peut-être ; il y sera comme auditeur, comme interrogateur et comme juge ! Quelles fonctions pour lui ! Et cet homme autour duquel frémissent les tentations, vous voulez qu’il n’ait rien vu, rien appris… C’est l’idylle aujourd’hui, et demain ce sera le drame peut-être… Que vous êtes imprudents ! Quoi ? vous dites que vous gardez ces séminaristes loin du monde pour conserver des vocations vraies ! je dis, moi, que c’est pour préparer des vocations fausses ! »