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devient un poison universel, tue tout : animaux, plantes, ferments. Il exprime quelque part d’une manière saisissante l’étonnement dont il fut saisi à cette découverte : « J’ai longtemps hésité à caractériser aussi durement le père nourricier de tout ce qui vit ; le traiter de poison me semblait une ingratitude noire : il a pourtant bien fallu en venir là. Oui, l’oxygène qui vous fait vivre vous tuerait à dose trop élevée, et vous tuerait en arrêtant en vous toutes les oxydations. J’ai étudié à fond ce paradoxal poison… » Paradoxe universel, il est vrai ! Loi générale de la vie ! Logique très simple et très naturelle ! La plénitude devient la pléthore. La liberté devient la licence. La compression extrême se change en dissolution. Nil nimis, disaient les anciens.

Les premières thèses du jeune docteur sur la Greffe animale lui avaient valu, en 1865, le prix de Physiologie expérimentale ; les résultats de ses travaux sur l’air et sur l’oxygène, qui forment un ouvrage considérable, sous le titre de la Pression barométrique[1], lui valurent, dix ans après (1875), le grand prix biennal de

  1. Paris, G. Masson.