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troduite tout entière sous la peau du dos du rat, continue de vivre, grandit, s’ossifie, prend à l’intérieur de l’animal, s’il a été choisi très jeune, toutes les proportions et la figure qu’elle aurait prises au dehors, à sa place naturelle.

M. Paul Bert a pu alors varier ses greffes, les transplanter d’un animal sur un autre, les soumettre à de nombreuses expériences. Il a pu, avant la greffe, faire agir sur ladite queue la chaleur, le froid, l’électricité, les gaz, les acides, les bases, rechercher sous quelles influences la queue mourait, sous quelles influences elle continuait de vivre.

Le fragment de rat avait bien réellement une vie propre, si l’on peut désormais appeler une vie propre ce que l’on considère, dans cet ordre d’idées, comme la simple résultante d’un conflit entre la substance organisée et le milieu ambiant.

En tout cas, le fragment de rat se comportait suivant ses lois normales. Il se développait, dépérissait, vivait ou mourait, suivant les conditions du milieu. M. Paul Bert a tiré de ces expériences et de ces réflexions cette idée générale qui a rempli d’orages et de tempêtes les régions philosophiques :