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primates, que l’homme et le singe diffèrent dès leur principe et qu’en vain l’un sera le dernier et l’autre le premier de son espèce, ils ne seront jamais équivalents. Le cerveau de l’être placé au dernier degré de l’humanité peut être inférieur, en apparence, à celui d’un orang-outang ou d’un gorille, et cependant, dit Gratiolet, il est celui d’une âme parlante. « Les microcéphales conservent les aptitudes intellectuelles propres à l’homme ; la plupart ont un langage intelligible, très peu riche, il est vrai, mais articulé et abstrait… Cette virtualité innée, et pour ainsi dire ineffaçable, est certainement le caractère le plus éclatant, le plus noble de l’homme ; elle frappe, en regard de cette altération, de cet anéantissement partiel des organes de l’intelligence. Ainsi la maladie peut amoindrir l’homme, elle n’en fait point un singe. »

M. Paul Bert, qui se plaît à commenter ce passage, s’écrie alors : « Dignité suprême de l’homme ! intelligence qui se conçoit elle-même et personnifie les causes ! sujet inépuisable de méditations, d’angoisses et d’enthousiasmes ! Jamais plus fervent adepte n’a scruté plus scientifiquement la nature pour déterminer