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gouvernement libre et responsable était tout entier en Gambetta. Celui qu’on appelait « le dictateur » quitta volontairement le pouvoir, alors que personne n’eût été en état de le lui ôter. Depuis lors, pendant plus de dix années, il a exercé la maîtrise morale du parti républicain sans devenir une seule fois le ministre de la République. Thiers, M. le maréchal de Mac-Mahon, M. Jules Grévy se sont succédé : M. Gambetta n’a pas un seul jour tenu personnellement le pouvoir. Le ministère du 14 novembre n’a été dans cette longue période qu’un éclair presque insaisissable. C’est pourquoi, sans doute, comme on a accusé M. Gambetta de dictature, pour varier les expressions, on lui a reproché son gouvernement personnel.

Pendant ces onze années il n’a cessé d’accroître par un travail infatigable l’influence des idées républicaines ; il a agrandi, avec une incroyable dépense de forces personnelles, — c’est ceci, par exemple, qui lui est personnel et n’appartient qu’à lui seul, — il a agrandi les limites du champ d’action où tous les Français peuvent se rencontrer pour travailler ensemble, sous la République, au relèvement complet de la patrie.

N’est-ce pas lui qui, dans les sombres années