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eu le sens profond de la légalité et de la justice. On ne citerait pas une occasion où il ait usé de son pouvoir pour frapper un ennemi ou pour satisfaire ses convoitises personnelles. Il n’avait qu’une convoitise, mais violente et fougueuse comme un amour indompté : reconstituer l’intégrité du sol et de la gloire de la patrie, arracher au vainqueur nos provinces violées, remettre la France sur pied devant le monde.

À la nouvelle de l’armistice du 28 janvier, M. Gambetta adressa aux départements la proclamation célèbre : « Français, songeons à nos pères qui nous ont légué une France compacte et indivisible ; ne trahissons pas notre histoire, n’aliénons pas notre domaine traditionnel aux mains des barbares. Qui donc signerait ? Ce n’est pas vous, légitimistes, qui vous battez si vaillamment sous le drapeau de la République, pour défendre le sol du vieux royaume de France, ni vous, fils des bourgeois de 1789… ! » Puis il promulguait le décret non moins fameux du 2 février, déclarant inéligibles à l’Assemblée nationale les hommes qui avaient eu des attaches avec le gouvernement déchu.

Ces deux actes surtout ont fait crier à la