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duite de l’homme dont nous avons entrepris de resserrer en quelques traits l’histoire.

C’est à Tours que M. Gambetta, réunissant dans sa main la direction de la guerre avec l’administration des affaires intérieures, s’attira ce nom de « dictateur » qui lui est resté. Nos ennemis nationaux lui en ont fait un titre de gloire ; ç’a été pour ses ennemis personnels et ses adversaires politiques un thème à dangereuses accusations.

« Dictateur» est juste, si l’on veut dire celui qui, à un moment donné, est tout et fait tout par lui-même. M. Gambetta personnifia la France et la République devant le monde. Du dehors on ne voyait que lui ; sur lui convergèrent toute admiration et toute haine. Mais si l’on entend par « dictateur » une volonté impérieuse, effrénée, et qui renverse tout sur son passage, le mot n’a pas convenu un seul jour à M. Gambetta.

Ceux qui recueillent avec quelque impartialité les témoignages des contemporains constateront partout la modération de M. Gambetta, sa parfaite possession de lui-même, sa réserve dans le jugement des hommes et de leur conduite, au milieu des suprêmes périls. Il a