Page:Depasse - Léon Gambetta, 1883.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’anniversaire de nos morts jusqu’au jour où le pays, redevenu le maître, vous imposera la grande expiation nationale au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ; Oh ! vous levez les épaules ! (l’orateur s’adressait à M. l’avocat impérial) sachez-le, je ne redoute pas plus vos dédains que vos menaces… vous pouvez nous frapper, mais vous ne pourrez jamais ni nous déshonorer ni nous abattre ! » Je sens très bien qu’à ce moment,M. Gambetta fondait le gouvernement de son influence.

M. l’avocat impérial, tout abasourdi, s’écriait : « Mais ce n’est plus de la plaidoirie ! »

Ce n’en était guère, en effet. M. Gambetta, par ce coup d’éclat contre le coup d’État, s’installait tout d’une pièce dans cette position d’où il allait prendre le gouvernement de l’idée républicaine en France. Il avait rapproché dans cette première revendication le militaire et le civil et les libéraux de tous les partis, préludant de la sorte à la réalisation de son idée dominante : l’union de tous sur le terrain de la liberté pratique, le concert de toutes les forces dans un État républicain vigoureusement organisé, reposant sur le consentement national.

Six mois à peine s’étaient écoulés depuis la