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ment, et, les mains dans les mains, elle a marché à la face des nations, — non pas seulement la France réduite, mutilée, définie arbitrairement par les sophismes de la victoire, mais la France réelle et vraie, la France tout entière dans sa plénitude s’est trouvée là, proclamant d’une seule voix son existence indéfectible.

Dans ces funérailles profondément humaines, exemptes de toute nuance d’apothéose, la patrie a voulu réunir tous les témoignages les plus éclatants de sa douleur, de sa puissance, de sa richesse et de sa gloire. L’Europe impériale n’a jamais conçu et produit un pareil triomphe funéraire. L’apothéose délirante de Garibaldi dans Rome ne lui peut être comparée pour la grandeur imposante et calme. Ce frémissement spontané et unanime d’un noble peuple, cette palpitation universelle de la conscience française aura été l’un des grands phénomènes de la vie révolutionnaire dans ce siècle.

Qu’un tel spectacle fût possible, c’était en partie l’ouvrage de sa prudence. Cette vie publique, si intense et cependant réglée, c’était sa vie, son génie, son inspiration ; c’était son souffle, et quand il est si vibrant et si universellement répandu, ce souffle de Gam-