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nationale fixée au 14 juillet, le parti républicain voulut honorer cette journée par un grand acte d’apaisement. M. Gambetta, dans une réunion provoquée par lui au ministère des affaires étrangères, plaida la cause de l’amnistie immédiate avec une puissance d’argumentation et une chaleur qui entraînèrent toutes les volontés encore indécises. M. de Freycinet aurait mieux aimé attendre et continuer de réserver l’avenir, comme il l’avait dit à la Chambre des députés au mois de janvier. L’argument tiré de la fête nationale ne le frappait pas. Il eût préféré laisser se réaliser peu à peu toutes les conditions politiques de sécurité et de force qu’il avait réclamées pour son gouvernement, avant de provoquer le retour des exilés. Mais il était douteux si ces conditions se réaliseraient sans l’amnistie ou si l’amnistie n’était par elle-même un des éléments de la force demandée.

M. de Freycinet finit par céder comme les autres à la puissante influence de M. Gambetta. Il porta au Parlement un projet d’amnistie, il parla devant la Chambre et surtout devant le Sénat avec toute la convenance, le tact et le succès qui ne lui faisaient jamais défaut au Luxembourg. Il eut ainsi l’honneur