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un corps ? Est-ce l’ombre d’un corps ? Est-ce un politique ou un philosophe, un homme de science ou un homme d’imagination ? « La pâleur de la pensée, a dit Shakespeare, attaque les couleurs naturelles de la résolution, et des entreprises pleines de nerf et de vigueur, détournées de leur cours par des considérations vaines, perdent jusqu’au nom d’action. »

Pour surcroît de malheur, aujourd’hui, cette physionomie est dans une période d’éclipse. Il y aurait eu deux moments admirables pour la saisir, au lendemain de la guerre de 1870 ou dernièrement, en janvier 1882, après la quadruple élection sénatoriale, à Paris, à Montauban, à Perpignan et dans l’Inde française. M. de Freycinet était alors dans tout son relief. Sous la vive lumière des événements, le dessin de sa vie présentait des teintes fermes et des traits arrêtés. Tout a été remis en question. Au lieu du jour plein tombant d’aplomb sur le visage, l’ombre y promène ses indécisions, ajoute ses incertitudes à la subtilité naturelle d’une physionomie flottante. L’impartialité suspend son jugement, l’histoire se réserve, et c’est le moment même où il faut écrire.

D’une famille de marins et de savants, M. de