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gouvernements et qu’on n’en a pas fondé sans son secours.

Mais si jacobin signifie sectaire, d’une étroitesse d’esprit incurable ; si l’on peut dire du jacobin ce qu’en dit M. Taine : « Des hommes réels il n’a nul souci ; il ne les voit pas, il n’a pas besoin de les voir ; les yeux clos, il impose son moule à la nature qu’il pétrit ; jamais il ne songe à se figurer d’avance cette matière, multiple, ondoyante et complexe, des paysans, des artisans, des bourgeois, des curés, des nobles contemporains, à leur charrue, dans leur garni, à leur bureau, dans leur presbytère, dans leur hôtel… Rien de tout cela ne peut entrer et se loger dans son esprit ; les avenues en sont bouchées par le principe abstrait qui s’y étale et prend à lui seul toute la place, etc… » Certes, si c’est là l’esprit jacobin, il ne peut se retrouver chez un homme aussi nourri de lettres, d’histoire et de critique, qui a parcouru l’Europe et s’est frotté à tous les peuples et à toutes les civilisations comme à tous les livres ; qui a connu l’exil, la pauvreté, toutes les angoisses et puis, par un revirement soudain, les jouissances du commandement et du pouvoir ; toujours pauvre, sans morgue et sans