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de rêves et d’idéal. Né en 1827, il n’avait pas trente ans quand les horizons les plus variés se déroulaient ainsi à ses regards. Il jouissait des chefs-d’œuvre des grands artistes de tous les temps, il jouissait aussi de ses propres succès à lui-même, car il allait de ville en ville, bien parlant et bien pensant, recueillant les sourires et les bravos que ses conférences lui attiraient sans peine. Il se fixa en Suisse vers 1856, où il fut chargé de professer la littérature française au Polytechnicum de Zurich.

C’est là qu’il reçut la nouvelle de l’amnistie. Il rentra en France en 1859, riche d’une foule de notions intéressantes, nouvelles pour le public français, et il entreprit de faire un cours des beaux-arts. Mais la critique d’art ou de littérature devenait bientôt pour lui le véhicule élégant et moelleux d’une autre critique, tout acerbe et mordante, dirigée contre le gouvernement impérial. Il était dur en vérité et intolérable de se voir déchiré et mis en pièces à propos de Rubens ou d’Holbein. L’empire supprima ce cours des beaux-arts, il ferma la bouche à cet intelligent admirateur de tous les genres de beauté, qui n’entendait rien à la beauté du coup d’État ; mais il ne put supprimer le développement