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tout entière sous l’attentat, se cabra douloureusement ; elle retomba sous le mors et la bride, mais ses membres les plus vigoureux, les plus dégagés des soucis de l’existence, se séparèrent d’elle, reprirent leur autonomie. M. Challemel-Lacour, jeté en prison, en sortit quelques mois après, proscrit, mais libre ; expulsé de France, il demanda à l’étranger, à la Belgique, à la Suisse, à l’Angleterre, avec le pain de chaque jour, la grande et multiple instruction, l’éducation variée, l’expérience des choses européennes qui devaient servir plus tard au ministre et à l’homme d’État. Sans cette aventure, bien probablement, M. Challemel-Lacour n’eût pas été ce qu’il est. Peut-être a-t-il gardé de là quelques-uns de ces plis accusés de sa physionomie morale ; la lutte pour l’existence lui a dû être plus d’une fois pénible ; la rage patriotique, le regret amer de la France lui ont dû causer plus d’une nuit sans sommeil. L’étude, le goût éclairé des arts étaient sa consolation et lui apportèrent sans doute aussi des jouissances morales et des plaisirs d’un grand prix. Il a dû passer plus d’une journée heureuse à Anvers, en Allemagne, en Italie, visitant les palais et les collections, plein d’enthousiasme,