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a des accès de nerfs, des susceptibilités maladives, des vibrations impatientes et terribles, comme un parvenu de génie qui, sorti de rien, arrive à tout et en est digne. Et ce n’est pas le trait le moins profond ni le moins vivant de son caractère que l’acharnement qu’elle met à détruire ses plus brillantes créations, à bafouer, à piétiner les hommes qui, échappés comme elle et avec elle du néant, ont su organiser la domination de leur influence. Mais aussi comme elle a des retours d’attendrissement, d’humanité, de pitié, et comme elle sait aimer et honorer ses serviteurs, autant qu’elle les a blessés et méconnus ! Nous avons eu des preuves de sa gratitude aussi éclatantes que celles de son injustice. Elle est bonne, douce, aimante à l’excès, autant qu’irritable et farouche. Jamais la conscience humaine n’a été plus complexe et plus complète. Voilà notre société, notre démocratie, et ces traits que nous trouvons en elle, nous les retrouvons un à un, on peut les compter exactement, chez les principaux personnages qui sont sortis de son sein. Ce sont les consciences les plus vives, les plus nerveuses, les plus tendues par une lutte incessante, mais aussi les plus remplies de nuances,