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faste, mais non pas sans la conscience de sa valeur, dédaigneux des aristocraties vides qui ne s’appuient ni sur le caractère, ni sur le savoir, ni sur le bon goût, et portant alors le dédain jusqu’à sa suprême expression ; mais non pas dédaigneux de son temps ni de sa patrie, en quelque état qu’il la voie ; plein d’ardeur pour le bien public, les yeux ouverts sur le monde entier, s’appliquant incessamment à découvrir les occasions et les rivages où il lui sera possible de relever légitimement la fortune de son pays et l’honneur de la civilisation française.

Dans les types des principaux personnages de la démocratie contemporaine que nous essayons d’esquisser, nous aimons toujours à voir en quelque sorte cette démocratie elle-même, si éprouvée, si battue de flots et de tempêtes, grande et émouvante parmi ses chutes, et qui, sortie on ne sait d’où, de la poussière, du fond obscur de l’atelier, des sillons, de la misère, de la fange, a rêvé et réalisé la conquête du souverain pouvoir.

C’est là sans doute l’un des plus extraordinaires spectacles de l’histoire, et quand on l’a une fois entrevu, on se sent tout envahi de sa grandeur étrange et tragique. Cette démocratie