Page:Denon - Point de lendemain (Didot, 1812).djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous frémîmes en entrant. C’était un sanctuaire, et c’était celui de l’amour. Il s’empara de nous ; nos genoux fléchirent : nos bras défaillans s’enlacèrent, et, ne pouvant nous soutenir, nous allâmes tomber sur un canapé qui occupait une partie du temple. La lune se couchait, et le dernier de ses rayons emporta bientôt le voile d’une pudeur qui, je crois, devenait importune. Tout se confondit dans les ténèbres. La main qui voulait me repousser sentait battre mon cœur. On voulait me fuir, on retombait plus attendrie. Nos ames se rencontraient, se multipliaient ; il en naissait une de chacun de nos baisers.

Devenue moins tumultueuse, l’ivresse de nos sens ne nous laissait cependant point encore l’usage de la voix.