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DITHYRAMBE.

Leur flanc dur, devenu sensible,
D’un bain frais goûte les douceurs ;
De leurs yeux l’horrible lumière (4),
Le bruit affreux de leur crinière
Jusqu’aux tours de Madrid ont prolongé l’effroi ;
Leur seul hennissement disperse,
Leur haleine de feu renverse
Ces preux qui de mourir se faisaient une loi !

Tous ont fui ; mais bientôt une espérance folle
De ce sang africain rallume tous les feux ;
Dans les triples remparts d’un rocher sourcilleux (5)
Ces nouveaux Philistins vont cacher leur idole,
La Liberté, leur joie, et leurs biens et leurs dieux.
 
Cent tonnerres la couronnent ;
Des flots grondans l’environnent ;
Elle brave un terrestre effort :
Son autel n’a point de maître,
Tout soldat devient son prêtre,
Et ses oracles sont la mort !

Au front de l’Apennin quand se forme un orage,
Un nuage, poussé par l’haleine des vents,
D’un nuage suivi, suit un autre nuage ;
Tels sur ces rocs jetés par la main des géans,
Avec un bruit mêlé de silences horribles,
Se succédaient sans fin leurs bataillons terribles.