de 1917, sur le Volga (dans l’été de 1918), et la convocation d’un Conseil Suprême et d’un Concile Provincial (des Zemstvos) qu’on avait préparée dans le Sud et en Sibérie (1919). Il n’est pas jusqu’à l’extrême manifestation de la dictature collectiviste qu’est le « Conseil des Commissaires du peuple » qui — après avoir atteint un despotisme sans précédent dans l’histoire et écrasé toute opinion publique et toutes les forces vives du pays qu’il a transformé en cimetière, — n’estime nécessaire d’apporter un décorum à cette représentation, en convoquant périodiquement le « Congrès Panrusse des Soviets ».
Le pouvoir du Gouvernement Provisoire était marqué des indices de l’impuissance. Ce pouvoir, pour parler comme Milioukov, ne comportait pas de « symbole familier aux niasses ». Le pouvoir se soumit de son plein gré à l’empire des Soviets qui défiguraient systématiquement toutes les initiatives concernant l’État et les subordonnaient à des intérêts de parti et de classe.
Au nombre des hommes du gouvernement se trouvait, entre autres, « l’otage de la démocratie », Kérensky, qui définissait son rôle ainsi : « Je suis le représentant de la démocratie ; le Gouvernement Provisoire doit me considérer comme le porte-parole des revendications de la démocratie et doit tenir tout particulièrement compte des opinions que je défendrai ([1])… » Enfin, et c’est là peut-être le point principal, le gouvernement comprenait des éléments de la classe cultivée et progressiste russe, avec tous ses bons et ses mauvais côtés, y compris l’absence totale de volonté, — cette force, qui ne connaît de limites que celles qu’elle s’assigne, qui sait être cruelle lorsqu’il s’agit de briser la résistance, et opiniâtre lorsqu’il s’agit d’atteindre son but, seule force qui donne la victoire à la classe, à la caste ou à la nation luttant pour leur conservation. Les quatre années de troubles ont été marquées pour les intellectuels et la bourgeoisie russes du sceau de l’impuissance, de la non-résistance, du renoncement à toutes leurs positions, voire même de la disparition, de l’anéantissement matériel. Il semble que seuls les deux extrêmes de l’ordre social aient possédé une volonté réelle et vigoureuse ; malheureusement, c’était une volonté de destruction et non de construction. Un de ces extrêmes a déjà donné Lénine, Bronstein, Appelbaum, Ouritzky, Dzerjinsky, Peters… L’autre, défaite pendant les journées de février, n’a peut-être pas encore dit son dernier mot …
La révolution russe, par ses origines et par ses débuts, fut, certainement, un phénomène national, traduisant la protestation générale contre l’ancien régime. Mais lorsque fut venu le moment de la construction nouvelle, deux forces entrèrent en compétition, — deux forces représentant deux tendances différentes de la pensée sociale, deux conceptions différentes. D’après la terminologie
- ↑ Discours au Soviet.