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Botmer qui la harcelaient, sur son flanc droit découvert (côté Nord), c’étaient les corps de choc Boehm-Ermolli. La 8ème armée devait opérer une retraite de 150 verstes, talonnée par l’ennemi.

Le 10 juillet, les Austro-allemands occupèrent la ligne Mikoulintsé-Podgaïtsé-Stanislavov. Le 11, les Allemands prirent Tarnopol que le premier corps de la garde avait quitté sans combattre ; le lendemain, ils enfoncèrent nos positions sur le Gnezno et le Sereth, au Sud de Trembovlia, développant leur offensive vers l’Est et le Sud-Est. Le même jour, l’ennemi, poursuivant la 7ème et la 8ème armées, tenait la ligne qui va du Sereth (entre Trembovlia et Tchortkov) à Monasterjitzko-Tloumatch.

Le 12 juillet, le commandant en chef estima la situation désespérée et donna l’ordre d’abandonner le Sereth. Le 21, les armées du front Sud-Ouest repassèrent la frontière russe, après avoir abandonné entièrement la Galicie et la Bukovine.

Leur retraite fut marquée par des incendies, des violences, des meurtres et des brigandages. Mais on vit aussi un petit nombre de régiments lutter avec héroïsme, couvrir de leurs corps et de leur vie la déroute de ces fuyards en démence. Et parmi ces braves, il y eut les officiers russes dont les cadavres jonchèrent les champs de bataille, en plus grand nombre que ceux des soldats.

Les armées fuyaient en désordre. Et c’étaient ces mêmes armées qui, l’année précédente, avaient, dans leur marche victorieuse, pris Loutzk, Brody, Stanislavov, Czernowitz… Elles fuyaient devant ces mêmes armées austro-allemandes qu’on avait écrasées, l’année précédente, et qui avaient dispersé leurs fuyards par tous les champs de Volhynie, de Galicie, de Bukovine — tandis que nous faisions des prisonniers par centaines de mille. Jamais nous n’oublierons la conduite héroïque des 7ème, 8ème, 9ème et 11ème armées : au cours de l’offensive de Broussilov, en 1916, elles ont pris 420.000 hommes, 600 canons, 2.500 mitrailleuses… Il faut croire que nos alliés ne l’oublieront pas non plus ; ils savent que la bataille de Galicie, s’est répercutée sur la Somme et sur l’Isonzo.

Les commissaires aux armées Savinkov et Filonenko télégraphièrent au gouvernement provisoire : « Il n’y a pas de choix : la peine de mort pour les traîtres… pour tous ceux qui refusent de sacrifier leur vie à la Patrie. »

Au début de juillet, quand on se rendit compte de l’échec de l’offensive russe, le Quartier général de Hindenburg décida une nouvelle action de grande envergure contre le front de Roumanie. En même temps, les 3ème et 7ème armées autrichiennes attaqueraient en Moldavie passant par la Bukovine et la droite du groupe d’armées Mackensen sur le Sereth inférieur. Le but de l’opération était la conquête de la Moldavie et de la Bessarabie. Mais dès le 11 juillet, la 4ème armée russe, commandée par le général Ragoza, et l’armée roumaine, sous les ordres du général Averesko, prirent l’offensive entre la Souchitza et la Pounta, contre la 9ème armée