Bathouv et Konioukhy. Les réserves allemandes commencèrent à affluer dans les secteurs menacés ; la bataille devint acharnée, sanglante. La 11ème armée occupa une série de lignes fortifiées, mais elle subit de lourdes pertes. Certaines tranchées, au cours de violents corps à corps, passèrent de mains en mains. Il fallait un nouvel effort pour briser la résistance d’un ennemi qui se remettait de sa défaite et qui recevait des renforts.
Cette bataille mit fin, en réalité, aux opérations offensives de la 7ème et de la 11ème armées. L’élan était brisé ; ce fut l’immobilisation forcée sur les positions conquises, avec quelques diversions : des engagements locaux, des contre-attaques austro-allemandes, un tir d’artillerie d’une « intensité intermittente ».
Cependant, le 23 juin, l’armée de Kornilov se préparait à avancer. Le 25, elle enfonçait les positions de Kirchbach, à l’Ouest de Stanislavov et débouchait sur la ligne Jésupol-Lyssetz ; le 26, après un combat acharné et sanglant, les troupes de Kirchbach s’enfuirent en déroute, entraînant dans leur retraite précipitée une division allemande qui arrivait à la rescousse. Le 27, la colonne de droite, conduite par le général Tchérémissov, occupa Galitch, après qu’une partie des troupes eut passé le Dniestr, et le 28, la colonne de gauche brisa la résistance opiniâtre des Austro-Allemands et prit Kalouche de vive force. Pendant les deux ou trois jours suivants, la 8ème armée prit pied sur la Lomnitza et devant cette rivière.
Au cours de cette brillante opération, l’armée de Kornilov, après avoir enfoncé le front de la 3ème armée autrichienne sur une distance de trente verstes, avait pris 150 officiers, 10.000 soldats et environ 100 canons. Le passage de la Lomnitza permettait à Kornilov la marche sur Dolina-Stry et sur les communications de l’armée Botmer. Le quartier général allemand jugeait critique la situation du commandant en chef sur le front Est.
À ce moment, le général Boehm-Ermolli concentrait toutes ses réserves dans la direction de Zloczow. C’était là que se rendaient également les divisions allemandes prélevées sur le front français. On fut obligé cependant de transférer une partie de ces troupes en deçà du Dniestr, contre la 8ème armée russe. Elles y arrivèrent le 2 juillet et rendirent quelque stabilité aux régiments désorganisés de la 3ème armée autrichienne ; depuis ce jour, sur la Lomnitza, commencent des combats de position, souvent très violents ; nos succès sont intermittents.
La concentration des troupes allemandes de choc entre le Sereth supérieur et la voie ferrée Tarnopol-Zloczow fut achevée le 5 juillet.
Le 6, après une forte préparation d’artillerie, ces troupes attaquèrent la 11ème armée, enfoncèrent ses lignes et commencèrent une marche ininterrompue sur Kaménetz-Podolsk, poursuivant les corps de la 11ème armée qui fuyaient, pris de panique. L’état-major de l’armée, puis le Grand Quartier Général et la presse, au mépris de la perspective, tombèrent à bras raccourcis sur le 607ème régiment