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les plus actifs languissaient en prison. Le Comité général de l’Union des officiers, auquel aurait incombé cette initiative, avait été dissous par Kérensky, à la fin du mois d’août ; aussi la plupart des chefs responsables de l’armée étaient pénétrés d’une inquiétude poignante et bien fondée au sujet de la destinée des officiers russes. Sous ce rapport, la correspondance entre Kornilov et Doukhonine présente un grand intérêt. Après le coup d’état bolcheviste, le 1er novembre 1917, le général Kornilov, de la prison de Bykhov, écrivait à Doukhonine : « prévoyant la marche des événements, je pense qu’il serait urgent pour vous de prendre des mesures qui, tout en garantissant la sûreté du quartier général, favoriseraient l’organisation de la lutte contre l’anarchie menaçante ». Au nombre de ces mesures le général Kornilov indiquait : « la concentration à Mohilev et dans un des points les plus rapprochés, sous bonne garde, de provisions de fusils, de cartouches, de mitrailleuses, de fusils automatiques et de grenades à main, dans le but de les distribuer aux officiers-volontaires qui ne manqueront pas de se réunir dans la région indiquée ».

En marge de ce point Doukhonine avait annoté : « ceci pourrait amener des excès ».

Ainsi, la crainte perpétuelle et exagérée d’une « contre-révolution » de la part des officiers, resta vaine. Les événements s’abattirent sur eux à l’improviste, les trouvant non organisés, éperdus, n’ayant pris aucune mesure pour assurer leur propre sécurité et dispersèrent définitivement leurs forces.