que par suite de nos insistances. S’il faut en croire une déclaration étrange, pour ne pas dire plus, du président, lieutenant-colonel Goustchine, — le but de la convocation du congrès était déterminé par le désir du Comité exécutif d’être admis sous nos couleurs, dans le Soviet des députés ouvriers et soldats ». Cette déclaration du 26 mai provoqua de graves incidents, ensuite desquels les trois quarts des participants au congrès se retirèrent et ce dernier se dispersa.
J’ai touché à la question du Soviet des officiers de Pétrograd et du Congrès tenu dans cette ville, afin de caractériser la mentalité d’une certaine catégorie des officiers de l’arrière qui se trouvaient en fréquent contact avec les gouvernants officiels et non officiels et qui aux yeux de ces derniers représentaient la « voix de l’armée ».
Le congrès des officiers à Mohilev qui avait attiré l’attention soutenue et la vive sympathie du généralissime, fut clôturé le 22 mai. À ce moment, le général Alexéiev avait été déjà éloigné du commandement des armées russes et, profondément affecté par cette épreuve, n’assista pas à la clôture. Voici en quels termes je pris congé du congrès :
« Le généralissime, au moment de quitter son poste, m’a chargé, messieurs, de vous remettre son salut le plus sincère et de vous dire que son vieux cœur de soldat battait toujours à l’unisson des vôtres, qu’il souffrait de votre douleur et vivait du même espoir que vous en la régénération de l’armée accablée, mais qui restait toujours la grande armée russe.
Permettez-moi d’ajouter encore quelques mots de ma part. De toutes les marches ensanglantées de notre pays, vous vous êtes rassemblés ici et nous avez apporté votre chagrin sans issue et votre douloureuse tristesse.
Vous avez déroulé devant nos yeux, l’existence et les travaux des officiers au milieu de cette mer en furie qu’est devenue l’armée.
Vous qui avez si souvent affronté la mort ! Vous qui, intrépides, avez marché en tête de vos soldats jusqu’aux fils de fer barbelés de l’ennemi, au bruit des coups de canon trop espacés de notre artillerie traîtreusement privée d’obus ! Vous qui, le cœur serré, mais sans perdre courage, avez jeté la dernière poignée de terre sur la tombe de vos fils, de vos frères, de vos amis !
Allez-vous hésiter à présent ?
Non !
Que les faibles relèvent, la tête ! Que les forts portent toute leur énergie, tout leur élan, tout leur désir de travailler au bonheur de leur Patrie, dans les rangs de leurs camarades du front. Vous n’êtes pas seuls ; tout ce qu’il y a encore d’honnête, tous ceux