D’autres faits analogues se produisirent également sur les fronts de la 8ème, 9ème et autres armées.
N’est-il pas caractéristique que le prince Léopold de Bavière, commandant du front germanique de l’Est, crut pouvoir prendre une part active à ces provocations ? il déclarait dans deux radiogrammes qui portaient le ton habituel des proclamations de ce genre et qui étaient destinés aux soldats russes et au Soviet, que le haut commandement allemand allait au-devant « du désir maintes fois exprimé par les députés des soldats de mettre un terme à l’effusion de sang », que « les opérations militaires entre nous (les puissances centrales) et la Russie pouvaient cesser sans que pour cela la Russie reniât ses alliés ; » que, « si la Russie désirait connaître les particularités de nos conditions, elle devait consentir, au préalable, à ce qu’elles ne fussent pas ouvertement publiées… » Et terminait par une menace : « peut-être le nouveau gouvernement, poussé par ses alliés, désirait-il se convaincre qu’il y avait toujours des divisions de gros calibres sur notre front de l’Est » ?
Lorsque, jadis, les chefs perpétraient quelque bassesse pour le salut de l’armée et de la Patrie, ils en ressentaient du moins de la honte et se taisaient. De nos jours, les traditions militaires ont subi une transformation radicale.
Qu’il soit dit à l’honneur du Soviet, il apprécia à sa juste valeur cet appel des provocateurs et y répondit : « le commandant suprême du front germanique de l’Est nous propose un armistice séparé, des pourparlers secrets… » Mais « la Russie sait que la défaite des Alliés sera le signal de sa propre défaite, et celle des armées révolutionnaires de la libre Russie — non seulement de nouvelles hécatombes, mais aussi la ruine de la révolution, la perte de la Russie libre… »
Dès les premiers jours de la révolution, la presse russe subit, tout naturellement, un brusque changement d’orientation. D’une part, il se produisit une certaine différenciation de tous les organes bourgeois, qui prirent une attitude de libéralisme conservateur, à la tactique desquels se rallia une certaine partie de la presse socialiste du genre de l’ « Edinstvo » de Plekhanov ; d’autre part, il surgit un nombre considérable de nouveaux journaux socialistes.
Quant à ceux de la droite, ils évoluèrent sensiblement, si l’on en juge d’après la déclaration inattendue du collaborateur bien connu du « Novoyé Vremia », Menchikov : « nous devons être reconnaissant au sort, que la monarchie tsariste qui durant mille années n’a cessé de trahir son peuple, s’est enfin trahie elle-même et a creusé sa propre tombe. Rouvrir cette tombe et remettre sur le tapis la question des candidats au trône, serait, selon moi, commettre une grave erreur ». Au cours des premiers mois de la