Zinoviev) et autres devinrent bientôt après des noms fatals dans l’histoire de la Russie.
La revue allemande « die Woche », le jour de l’arrivée de Lénine à Pétrograd, consacra à cet événement un article, dans lequel on qualifiait Lénine « d’ami véritable du peuple russe » et d’ « honnête adversaire ». Tandis que l’organe officieux des constitutionnalistes-démocrates russes, la « Rietch », qui, cependant, par la suite, lutta courageusement et, sans trêve contre les « léninistes », honora son arrivée par les paroles suivantes : « le chef généralement reconnu du parti social-démocrate se doit de descendre dans l’arène de la lutte et, de quelque manière qu’on envisage ses opinions politiques, il ne messiéra pas de lui faire bon accueil ».
Le 3 avril 1917, Lénine arriva à Pétrograd où on lui fit une réception triomphale, et quelques jours après il proclamait ses thèses qui renfermaient un certain nombre de devises de la propagande allemande.
À bas la guerre et le pouvoir aux Soviets !
Les premiers discours et articles de Lénine parurent si absurdes et si nettement anarchistes qu’ils soulevèrent des protestations non seulement dans toute la presse libérale, mais aussi dans la majeure partie de la presse socialiste.
Cependant, peu à peu, le secteur gauche de la démocratie révolutionnaire, renforcé par les agents de l’Allemagne, se rallia ouvertement aux idées préconisées par son chef, sans rencontrer d’opposition décisive ni de la part de l’hypocrite Soviet, ni de celle d’un gouvernement sans volonté. Le flot puissant de la propagande allemande et insurrectionnelle submergeait de plus en plus le Soviet, le Comité, la presse révolutionnaire et jusqu’à l’ignorante masse populaire, et se répercuta, consciemment ou non, même parmi les hommes qui détenaient le pouvoir…
Dès les premiers jours, l’organisation de Lénine, comme on put le lire plus tard, au mois de juillet, dans la communication du procureur de la cour d’appel de Pétrograd, « dans le but de collaborer aux actes hostiles envers la Russie des gouvernements qui étaient en guerre avec elle, s’était entendue avec les agents des dits gouvernements pour participer à la désorganisation de l’armée russe et de son arrière ; aussi elle employa les sommes reçues de ces gouvernements à l’organisation de la propagande parmi la population… dans le même but, aussi, elle organisa à Pétrograd, au 3-5 juillet, un soulèvement armé contre le pouvoir suprême.»
Le Quartier général depuis longtemps élevait en vain la voix pour mettre en garde les autorités. Le général Alexéiev demandait de vive voix et par écrit, au gouvernement, de prendre des mesures contre les bolcheviks et les espions. À maintes reprises je m’adressai de même au ministère de la guerre auquel je fis tenir, entre autres, tout un dossier, accusant d’espionnage Rakovski ainsi que des