CHAPITRE XXI
La presse et la propagande.
Dans cette dernière guerre mondiale, outre les aéroplanes, les tanks, les gaz asphyxiants et d’autres merveilles de la technique militaire, un nouveau et puissant moyen de combat fit son apparition. C’était la propagande. À proprement parler, ce moyen n’était pas tout à fait nouveau, car déjà en 1826, à une séance de la Chambre des Communes en Angleterre, le ministre Canning avait prononcé les paroles suivantes : « S’il nous arrive de participer à une guerre, nous réunirons sous notre bannière tous les révoltés, tous les mécontents, — qu’ils le soient à juste titre ou non, — des pays qui marcheront contre nous ». Toutefois, de nos jours, ce moyen atteignit à un degré de développement, d’intensité et d’organisation tout à fait extraordinaire, s’attaquant aux points faibles et sensibles de la psychologie nationale. Bien agencés au point de vue technique, pourvus de sommes énormes, les organes de propagande en Angleterre, en France, en Amérique, — en Angleterre tout particulièrement, — menaient une lutte terrible par la parole, la presse, les films cinématographiques… et l’argent, étendant cette lutte jusque sur les territoires ennemis, alliés ou neutres, et cela dans tous les domaines : militaire, politique, économique et moral. D’autant plus que l’Allemagne agissait de telle sorte que la propagande adverse possédait contre elle des données abondantes et irréfutablement accusatrices. Il serait difficile de faire voir, même dans les grandes lignes, tous les moyens de propagande à l’aide desquels on aggravait toujours plus les différences sociales, on sapait les bases du pouvoir gouvernemental, on affaiblissait les forces morales des ennemis, on détruisait leur foi dans la victoire, on relâchait leurs alliances, on soulevait contre eux les puissances neutres, et enfin, par lesquels on s’efforçait de relever l’esprit abattu de son propre pays. Cependant, il ne faudrait, en aucun cas, prêter à ce moyen d’influence morale extérieure une importance exclusive, comme le font actuellement, dans le but de se disculper, les chefs du peuple allemand, car la défaite de l’Allemagne a été politique, économique, militaire et morale. Ce fut uniquement l’action réciproque de ces différents facteurs qui décida de l’issue fatale de la lutte, devenue depuis longtemps une lente agonie. On ne pouvait que s’émerveiller de la vitalité du peuple allemand, qui, par l’intensité de sa puissance intellectuelle et la persévérance