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3. — La question de la république démocratique en tant que régime favorisé ;

4. — La question agraire ;

5. — La question ouvrière.

Introduire dans l’armée, déjà ébranlée et se trouvant en présence d’un ennemi puissant et cruel, tous ces brûlants problèmes politiques et sociaux, résolus d’une façon radicale, souvent démagogique, et suscitant la lutte des partis, des classes et des corporations, ceci ne pouvait se passer sans secousses. Dès le premier congrès (à Minsk), qui fut l’objet d’une sollicitude toute particulière de la part des autorités militaires et civiles, nous avons vu apparaître, même dans les questions relatives aux us et coutumes de l’armée, certaines tendances qui nous ont rendu songeurs : abolir le grade d’ « officier », abolir l’autorité personnelle en matière de discipline, accorder aux comités le droit d’éloigner les chefs qu’ils jugeraient indésirables, etc…

Dès les premiers jours de leur existence, les comités engagèrent une lutte en vue d’élargir indéfiniment leur compétence, depuis « le droit de prendre part à la direction de l’armée », jusqu’à la formule : « tout le pouvoir aux Soviets » (en considérant les comités comme les organes investis du mandat des Soviets).

Cependant, au commencement, les comités militaires gardèrent une attitude parfaitement loyale à l’égard du Gouvernement Provisoire, d’autant plus loyale que le comité se trouvait plus bas dans l’échelle hiérarchique. Une série de résolutions proclamant une soumission sans réserves au Gouvernement Provisoire, des félicitations, des délégations envoyées par les troupes qui se montraient inquiètes des bruits de la dualité du pouvoir et de l’opposition que le Soviet faisait au Gouvernement, tout cela emplissait, au printemps, les colonnes des journaux de Pétrograd. Plus tard, à la suite de la propagande du Soviet, qui gagnait de plus en plus en importance, cet état d’esprit subit divers changements et trouva son expression la plus éloquente dans la résolution, déjà citée, de la Conférence des Soviets, au commencement d’avril : « La Conférence appelle la démocratie révolutionnaire de Russie à organiser et à rallier ses forces autour des Soviets et à être prête à s’opposer résolument à toute tentative du Gouvernement d’échapper au contrôle de la démocratie ou de se soustraire aux obligations qu’il a assumés ».

Tandis que les comités supérieurs se laissaient aller à l’action politique et s’occupaient d’approfondir les « principes révolutionnaires » dans l’armée, les comités inférieurs s’emparaient peu à peu des choses du service, des us et de la vie intérieure des troupes, éliminant, affaiblissant et discréditant l’autorité du commandement. Il arriva peu à peu que les comités eurent le droit de fait de destituer et d’élire les chefs, la situation d’un chef auquel on avait «