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sera transféré aux Soviets des députés des salariés agricoles. La confiscation de toutes les propriétés seigneuriales. La nationalisation de toutes les terres du pays ; la disposition de la terre appartient aux Soviets locaux des salariés agricoles et des paysans. Les délégués des paysans les plus pauvres feront un groupe à part.

7. — Toutes les banques du pays seront immédiatement fondues en une seule banque nationale contrôlée par le Soviet des députés ouvriers.

8. — Pour le moment, on n’instaurera pas le socialisme, mais on passera au contrôle exercé par le Soviet sur la production collective et sur la répartition des produits.

9. — La revendication d’un État-Commune ; le parti social-démocrate bolchevik change de nom et s’appelle désormais parti Communiste.

Je ne m’arrêterai pas à ce programme dont la réalisation, à quelques points près, ne fut commencée qu’à la fin d’octobre. En ce qui concerne la première période de l’activité des bolcheviks, il importe surtout de connaître leur tactique qui partait de principes concrets qui se résumaient comme suit :

1. — Renversement du Gouvernement et décomposition de l’armée ;

2. — Excitation à la lutte de classes dans le pays et à l’intérieur de la classe paysanne ;

3. — Négation des formes démocratiques de l’État, le pouvoir passant à la minorité (le parti social-démocrate bolchevik), « minorité bien organisée, armée et centralisée » (Lénine).

Cependant, l’idéologie du parti était inaccessible non seulement aux masses ignorantes du peuple russe, mais même aux militants bolchevistes de second ordre, dispersés dans le pays. Les masses avaient besoin de mots d’ordre simples, concis, immédiatement réalisables et répondant à leurs vœux et à leurs exigences, démesurément grossies dans l’atmosphère orageuse de la révolution. Le bolchevisme simplifié, avec ses traits typiques d’émeute russe, était d’autant plus facile à mettre en pratique qu’il s’était affranchi de toutes considérations morales, s’assignant pour objet de la première période de son action la destruction pure et simple, ne s’arrêtant pas à la menace de la débâcle militaire et de la ruine du pays.

Le premier objectif de la lutte fut le Gouvernement Provisoire. Toute la presse bolcheviste, la propagande verbale des meneurs bolchevistes, leurs discours dans les Soviets et les Congrès, jusqu’à leurs discussions avec les membres du Gouvernement Provisoire, tendaient violemment et obstinément à la nécessité de l’écarter, en tant qu’ « instrument de la contre-révolution et de la réaction internationale ».

Cependant, les bolcheviks s’abstenaient de toute action décisive, craignant « la province politiquement arriérée ». Ils se bornèrent