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femmes respectables ne soient confondues avec cette prostituée, qu’élevées par leurs parents avec une parfaite sagesse et un soin vigilant, et mariées conformément aux lois, elles ne se trouvent réduites à entrer en partage avec la créature qui, chaque jour, s’est livrée plusieurs fois à plusieurs, de toutes les façons, même les plus obscènes, au gré de chacun. Oubliez que, moi qui vous parle, je suis Apollodore, que ceux qui vont vous présenter la défense ou l’appuyer sont des citoyens, figurez-vous que cette lutte est engagée entre les lois d’un côté, et de l’autre cette Nééra, sur tous les méfaits qu’elle a commis. Quand vous examinerez l’accusation, écoutez parler les lois elles-mêmes, qui sont comme les fondements de cette ville, et suivant lesquelles vous avez juré de prononcer. Que veulent-elles, et en quoi ont-elles été enfreintes ? Quand vous en serez à la défense, rappelez-vous l’accusation portée par les lois, la preuve fournie des faits allégués, et regardant cette femme en face, demandez-vous une seule chose : Nééra a-t-elle fait cela ?

Il est encore à propos de songer à ceci, Athéniens : Archias, qui fut autrefois hiérophanle (63), fut convaincu de sacrilège devant le tribunal pour avoir offert les sacrifices au mépris des rites de nos pères. Vous l’avez puni. On l’accusait, entre autres choses, d’avoir, lors de la fête des récoltes (64), égorgé sur l’autel qui est dans la cour du temple à Éleusis une victime présentée par la courtisane Sinope. Or, les rites défendent d’immoler des victimes ce jour-là, et le droit d’immoler appartenait à la prêtresse et non à lui. Eh bien, voyez quelle serait l’inconséquence ! Cet homme était de la race des Eumolpides, issu d’ancêtres illustres, et citoyen de cette ville ; il a paru avoir commis je ne sais quelle infraction aux rites, il a été condamné. Rien n’a pu le sauver ; ni les supplications de