Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T02.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous direz : « Nous avons prononcé l’acquittement. Mais alors, quels reproches vous feront les honnêtes femmes pour avoir admis Nééra à prendre part comme elles-mêmes aux cérémonies publiques et au culte des dieux ! Et quant à celles qui ne sont pas sages, ne leur enseignez-vous pas clairement à faire tout ce qu’elles voudront, du moment où il n’y aura plus pour elles rien à craindre ni de vous ni des lois ? Car vous montrer indulgents et indifférents à l’égard de Nééra c’est vous donner l’apparence d’approuver sa conduite. Oui, mieux vaudrait n’avoir jamais vu un pareil procès, que de le voir terminé par un acquittement. Après cela, en effet, il y aura pour les prostituées pleine et entière licence de vivre avec qui elles voudront, et d’attribuer leurs enfants au premier venu. Les lois seront impuissantes chez vous, et il dépendra du caprice des courtisanes de venir à bout de tout ce qu’elles voudront. Prenez donc en main la cause des femmes athéniennes. Prenez garde que les filles des pauvres ne puissent plus être mariées. Aujourd’hui, si une fille est sans fortune, la loi vient à son aide et lui fournit une dot suffisante, si peu que la nature lui ait donné de beauté. Mais si Nééra est acquittée, au mépris et en violation de la loi, alors c’en est fait. La prostitution atteindra les filles de mères athéniennes, celles du moins qui n’auront pu être établies à cause de leur pauvreté. En même temps, les courtisanes n’auront plus rien à envier aux femmes libres, du jour où elles pourront impunément se permettre de légitimer leurs enfants comme elles voudront, et de participer aux fonctions religieuses, aux cérémonies sacrées, aux honneurs établis en cette ville. Chacun de vous doit donc se dire que dans ce vote il s’agit de sa femme, ou de sa fille, ou de sa mère, comme d’Athènes, des lois et de la religion. Il s’agit d’empêcher que ces