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parler ; vous savez comment cette femme, que Stéphanos avait fait passer pour sa fille et avait donnée pour épouse à Théogène, archonte-roi, a célébré elle-même ces mystères sacrés, et a reçu le serinent des prêtresses ; vous savez enfin que l’interdiction de révéler ces mystères s’applique même aux femmes chargées de les célébrer. Eh bien, maintenant je vais vous produire un témoignage qui porte sur un fait secret, mais vous reconnaîtrez, par les circonstances mêmes, que ce témoignage est vrai et ne laisse pas de place au doute. A l’époque de la célébration de ces mystères aux jours marqués, les neuf archontes montèrent à l’Aréopage. Aussitôt, le sénat de l’Aréopage, qui rend tous les jours tant de services à notre ville pour les choses du culte, demanda qui était cette femme de Théogène, et découvrit la vérité. Il maintint l’observation des rites et frappa Théogène d’une amende, la plus forte qu’il lui soit permis de prononcer, mais en secret et en usant de ménagement (57). Vous savez que l’Aréopage ne peut punir un Athénien d’une amende arbitraire. Une explication eut donc lieu. Le sénat de l’Aréopage se montra fort mécontent, et prononça l’amende contre Théogène pour avoir épousé une telle femme, et pour lui avoir permis de célébrer les mystères sacrés au nom de la ville. Alors Théogène pria et supplia avec instance. Il n’avait pas su, disait-il, qu’elle était fille de Nééra ; il avait été trompé par Stéphanos, et l’avait prise comme étant la fille légitime de ce dernier, suivant la loi. S’il avait fait Stéphanos son assesseur, c’était par inexpérience et par simplicité. Il avait compté sur lui pour remplir les fonctions de sa charge, comme sur un homme disposé à rendre service, et c’est ce qui l’avait déterminé à devenir son gendre. « Voulez-vous, ajouta-t-il, être assurés que je ne mens pas ? Je vais vous en donner la plus forte et la plus