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de la ville d’Athènes, les rites de nos pères pour le service des dieux, rites nombreux, sacrés, mystérieux. Eh quoi ! ces choses que tous ne doivent pas entendre, peut-on les faire accomplir, sans offenser les dieux, par la première venue, surtout par une femme comme celle-là, ayant fait ce qu’elle a fait ?

Mais je veux remonter plus haut à ce sujet, et vous donner exactement la raison de chaque chose. Vous en serez d’autant plus attentifs à punir, et vous verrez bien que la cause soumise en ce moment à votre vote n’est pas seulement la vôtre et celle des lois, mais aussi celle du culte dû aux dieux. Il s’agit de punir le sacrilège et de frapper le crime. Jadis, Athéniens, cette ville obéissait à des maîtres, et la royauté appartenait à tous ceux qui l’emportaient sur les autres, comme fils de cette terre. Tous les sacrifices étaient accomplis par le roi. Les mystères les plus augustes étaient célébrés par sa femme, et cela était juste puisqu’elle était la reine. Plus tard, Thésée réunit nos ancêtres dispersés, et fonda le gouvernement populaire. La ville devint grande et peuplée. Le roi n’en fut pas moins désigné par le peuple, à mains levées, et choisi parmi les plus distingués pour leur valeur. Mais, pour sa femme, nos pères établirent par une loi qu’elle serait Athénienne, qu’elle n’aurait pas connu d’autre homme et aurait été mariée étant vierge, afin de pouvoir célébrer selon les rites des ancêtres les mystères sacrés, au nom de la ville d’Athènes, afin que le service divin s’accomplit dans toutes les règles, sans qu’il y eût rien d’omis ni rien d’innové. Ils gravèrent cette loi sur une stèle de pierre qu’ils dressèrent dans le temple de Dionysos, auprès de l’autel, au marais. Cette stèle est encore debout aujourd’hui, et on peut y lire la loi écrite en lettres attiques à moitié effacées par le temps. Par là, le peuple