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le décidèrent étaient du reste naturelles et judicieuses. Il se disait qu’il allait mal, sans grand espoir d’en réchapper. Il ne voulait pas laisser ce qu’il avait à ses parents, ni descendre au tombeau sans postérité. Il adopta donc l’enfant et le prit chez lui. Or, jamais il n’eût fait cela en bonne santé, et je vais vous en donner la preuve la plus forte et la plus évidente. Phrastor ne fut pas plus tôt relevé de cette maladie, il ne se sentit pas plus tôt valide et bien portant, qu’il épousa en légitime mariage une femme athénienne, fille légitime de Satyros de Mélité et sœur de Diphilos. Ainsi, qu’il n’ait pas recueilli cet enfant de son plein gré, qu’il ait cédé à l’influence de la maladie, au désir de ne pas rester sans postérité, aux soins de ces femmes, à son aversion pour ses parents auxquels il ne voulait pas laisser son héritage s’il venait à mourir, c’est ce dont vous avez dès à présent preuve suffisante. Mais la suite va vous le faire voir bien plus clairement encore. Le jour où Phrastor étant malade présenta l’enfant né de la fille de Nééra à la phratrie, et à la gens des Brytides (48), qui est aussi la sienne, les membres de la gens votèrent contre l’admission de l’enfant, et refusèrent de l’inscrire comme un des leurs. Ils savaient, sans doute, ce qu’était cette femme que Phrastor avait épousée en premier lieu, la fille de Nééra, comment Phrastor avait renvoyé cette créature, comment enfin, sous l’influence de la maladie, Phrastor s’était déterminé à reprendre l’enfant. Phrastor leur intenta une action pour n’avoir pas inscrit son fils ; mais, devant l’arbitre, ceux-ci le mirent en demeure d’affirmer avec serment que dans sa conviction cet enfant était son fils, né d’une femme athénienne en légitime mariage. Sommé par les membres de la gens de faire cette affirmation devant l’arbitre, Phrastor recula devant le serment, et s’abstint