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effet, il l’avait prise pour épouse comme étant fille de Stéphanos et non de Nééra, et il la croyait née à Stéphanos d’un mariage contracté avec une Athénienne, avant que Stéphanos fût allé vivre avec Nééra. Ému de cette découverte, Phrastor se tint pour offensé et indignement trompé. Il renvoya cette créature, après un an de ménage, enceinte, et ne rendit pas la dot. Stéphanos lui intenta une action à fin d’aliments, à l’Odéon (47). En effet, aux termes de la loi, celui qui renvoie sa femme doit rendre la dot, sinon il en est constitué débiteur avec intérêt à neuf oboles ; et en outre, le gardien légal de cette femme peut intenter pour elle une action en aliments, à l’Odéon. Alors Phrastor porte contre Stéphanos une accusation devant les thesmothètes ; il dit que Stéphanos, étant Athénien, lui a donné en mariage la fille d’une étrangère comme étant sa propre fille, et il invoque la loi que nous invoquons nous-mêmes en ce moment. Lis-moi cette loi.

LOI.

Si quelqu’un donne en mariage à un Athénien une femme étrangère comme étant sa fille, il sera frappé d’atimie, ses biens seront confisqués et le tiers appartiendra à la partie qui aura obtenu la condamnation. L’accusation sera portée devant les thesmothètes, par toute personne ayant le droit d’accuser, comme les poursuites contre les étrangers qui se font passer pour citoyens.

On vient de vous lire la loi aux termes de laquelle Stéphanos a été accusé par Phrastor devant les thesmothètes. Mais Stéphanos comprit que s’il était convaincu d’avoir donné en mariage la fille d’une étrangère, il s’exposait à être frappé des peines les plus sévères ; il fit donc un arrangement avec Phrastor, renonça à la dot et supprima l’action d’aliments. Phrastor de son côté en fit autant pour l’accusation portée devant les thesmothètes.