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chez Stéphanos. Il prit avec lui quelques jeunes gens, se rendit à la maison de Stéphanos, et enleva Nééra. Il fallut que Stéphanos l’arrachât de ses mains par une revendication en liberté, dans les formes légales, et se portât caution pour elle devant le polémarque (34). Pour prouver que je dis vrai, je vais vous produire comme témoin de ces faits l’homme qui était alors polémarque. Appelle-moi,Aeétès de Kiriadae (35).

TÉMOIGNAGE.

Aeétès de Kiriadae déclare ce qui suit : Tandis qu’il était polémarque, Nééra, celle même qui se défend en ce moment, fut forcée par Phrynion, frère de Démocharès, de donner caution ; les répondants furent Stéphanos d’Ercoades, Glaukétès de Céphisia, Aristocrate de Phalère (36).

Cautionnée par Stéphanos, et logeant chez lui, elle n’en continua pas moins à faire le même métier qu’auparavant ; elle exigea seulement un plus haut prix de ceux qui voulaient obtenir ses faveurs. N’était-elle pas devenue une femme d’apparence honnête et pourvue d’un mari ? Stéphanos s’entendait avec elle pour faire de bons coups. S’il surprenait auprès de Nééra quelque riche étranger sans expérience, il le retenait captif comme trouvé en flagrant délit d’adultère et lui extorquait ainsi une grosse somme d’argent. Il le fallait bien, car ni Stéphanos ni Nééra ne possédaient aucune fortune, et ils n’avaient pas de quoi suffire aux dépenses de chaque jour. Le ménage, d’ailleurs, était lourd. Il fallait d’abord nourrir lui et elle, puis trois enfants qu’elle avait amenés chez lui, deux servantes, un domestique, outre qu’elle avait pris l’habitude de ne se priver de rien, tandis que d’autres avaient pourvu à ses dépenses. Ajoutez que la politique ne rapportait à Stéphanos rien qui vaille la peine d’en parler. Il n’était pas encore passé orateur, il était encore