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Phrasiclidès, et le combat de Leuctres entre les Thébains et les Lacédémoniens. A ce moment, Stéphanos que voici se rendit à Mégare, descendit chez Nééra comme on descend chez une courtisane, et se mit à vivre avec elle. Elle lui raconta tout ce qui s’était passé, et les outrages de Phrynion ; en même temps elle lui remit tout ce qu’elle avait emporté de chez ce dernier. Elle regrettait le séjour d’Athènes, mais elle avait peur de Phrynion, parce qu’elle l’avait offensé et qu’il avait du ressentiment contre elle. Elle connaissait bien le caractère de cet homme, violent et emporté ; elle prit donc Stéphanos pour son patron (32). Stéphanos, de son côté, pendant son séjour à Mégare, la ranima par ses paroles, et lui inspira confiance ; si Phrynion, disait-il, avait le malheur de la toucher, il s’en repentirait. Personne au monde ne la maltraiterait, lui-même ferait d’elle sa femme, il prendrait les enfants qu’elle avait alors, il les présenterait à la phratrie comme étant nés de lui, et il les ferait citoyens. Il quitta donc Mégare et vint ici, amenant cette femme, et avec elle trois enfants, Proxène, Ariston et une fille qu’on appelle maintenant Phano. Il l’installa, elle et ses enfants, dans la petite maison qu’il possédait près d’Hermès le Mystérieux (33), entre la maison de Dorothée d’Éleusis et celle de Clinomaque, celle même que Spintharos a achetée de lui au prix de sept mines. C’était là toute la fortune de Stéphanos, rien de plus. Il avait deux raisons pour amener ainsi cette femme avec lui. Il se procurait sans bourse délier une belle maîtresse, et de plus c’était celle-ci qui devait gagner le nécessaire et nourrir la maison. Aussi bien, il n’avait pas d’autre moyen d’existence, à part ce que pouvait lui rapporter son métier de sycophante. Mais Phrynion apprit que Nééra était ici, et qu’elle demeurait