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Hipparque d’Athmonon (24) déclare que Xénoclidès et lui ont entretenu à Corinthe Nééra, celle qui est accusée aujourd’hui, qu’elle était courtisane, de celles qui se font entretenir : que Nééra a bu avec lui et avec Xénoclidès le poète, à Corinthe.

Elle eut ensuite deux amants, Timanoridas de Corinthe, et Eucratès de Leucade. Voyant à quelles dépenses ils se trouvaient entraînés par les exigences de Nicarète, qui prétendait recevoir d’eux tous les jours tout ce qu’il lui fallait pour les frais de sa maison, ils remirent à Nicarète la somme de trente mines, pour le prix de Nééra, et achetèrent d’elle cette femme, qui, d’après la loi de Corinthe, devint leur esclave commune à tous deux. lis en furent donc maîtres et possesseurs aussi longtemps qu’ils voulurent. Quand ils furent sur le point de se marier ils lui déclarèrent qu’ils ne la verraient pas volontiers faire son métier à Corinthe, ni rester au pouvoir d’un éleveur de filles. Ils aimaient mieux recevoir d’elle moins d’argent qu’ils n’en avaient dépensé et la voir tirer de là quelque profit pour elle. Ils lui tirent donc remise de mille drachmes, cinq cents chacun, sur le prix de sa liberté. Pour les vingt mines formant le surplus, ils stipulèrent qu’elle les leur payerait quand elle aurait pu se les procurer. Ainsi avertie par Eucratès et Timanoridas, Nééra fait venir à Corinthe plusieurs de ses anciens amants, et entre autres Phrynion de Pæania (25), fils de Démon et frère de Démocharès, qui menait une vie de prodigue et de débauché, j’en prends à témoins ceux d’entre vous qui ont atteint un certain âge. Phrynion s’étant rendu auprès d’elle, elle lui répète les paroles qu’elle a entendues d’Eucratès et de Timanoridas ; elle lui remet l’argent qu’elle a recueilli de ses autres amants, sous forme de souscriptions réunies pour sa liberté (26), elle y joint ce qu’elle peut avoir gagné