Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T02.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

étrangère comme l’étranger ; et si l’accusé est déclaré coupable, elle veut qu’il soit vendu. le dis donc que Nééra, ici présente, est étrangère, et je veux vous en donner la preuve précise, en prenant les choses au commencement.

Les sept filles que vous savez étaient encore de petits enfants quand elles furent acquises par Nicarète, affranchie de Charisios d’Élée, et femme d’Hippias, cuisinier de ce même Charisios. Habile à deviner chez de jeunes enfants la beauté naissante, elle savait les nourrir et les dresser dans les règles, ayant fait de cela son industrie et son gagne-pain. Elle les appelait ses filles, et les faisait passer pour libres, afin de pouvoir exiger davantage de ceux qui voulaient en jouir. Après avoir exploité la jeunesse de chacune d’elles, elle finit par les mettre en vente toutes les sept ensemble, à savoir : Antéia, Stratola, Aristoclée, Métanire, Phila, Isthmiade, et. enfin Nééra ici présente. Quel fut l’acquéreur de chacune d’elles, et comment furent-elles affranchies par ceux qui les avaient achetées de Nicarète (13) ? C’est ce que je vous montrerai dans la suite de ce discours, si vous voulez m’entendre, et qu’il me reste assez de temps. Pour le moment, je veux revenir et insister sur ce point que Nééra appartenait à Nicarète, qu’elle faisait métier de prostituée et se livrait, pour de l’argent à ceux qui voulaient jouir d’elle. Lysias ; le sophiste (14), amant de Métanire, s’avisa un jour d’ajouter aux dépenses qu’il faisait pour elle celles de l’initiation. Il voyait bien que toutes ses autres dépenses profitaient à la maîtresse de Métanire, au lieu qu’en conduisant cette fille à la fête et aux mystères, il aurait au moins fait quelque chose pour elle. Il invita donc Nicarète à se rendre aux mystères et à y conduire Métanire, pour qu’elle fût initiée, s’engageant à la faire initier lui-