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aujourd’hui, si par hasard il est question du fait, tout le monde reconnaît qu’Apollodore avait bien parlé et en fut mal récompensé. Mais lorsqu’un homme a trompé par ses discours, c’est lui que les juges doivent prendre en haine et non ceux qu’il a trompés. Stéphanos que voici attaqua le décret pour illégalité (07). Il se présenta au tribunal, produisit de faux témoins pour noircir Apollodore, qu’il disait être débiteur du trésor depuis vingt-cinq ans, souleva de nombreux griefs étrangers à l’accusation, et emporta l’annulation du décret. Jusque-là, il a fait ce qu’il a cru devoir faire. Nous ne lui en voulons pas. Mais au moment où l’on distribuait les bulletins aux juges pour voter sur le montant de la condamnation, nous eûmes beau le prier, il ne voulut rien entendre, et fixa le montant de la condamnation à quinze talents. Ce qu’il voulait, c’était d’infliger l’atimie à Apollodore, à ses enfants, à ma sœur, et de nous plonger tous dans la dernière misère et le plus entier dénuement. En effet, tout notre avoir ne faisait pas trois talents. Ce n’était pas là de quoi payer une dette si énorme. Or, si le montant de la condamnation n’était pas payé à la neuvième prytanie (08), la somme était portée au double, et Apollodore était inscrit comme débiteur de trente talents envers le trésor public. Une fois inscrit comme débiteur public, tous les biens appartenant à Apollodore étaient déclarés propriété nationale, et ensuite vendus, et le résultat était de plonger dans la misère lui-même, ses enfants, sa femme et nous tous. Ce n’est pas tout. La seconde de ses deux filles allait être privée de tout établissement. Voudrait-on en effet la prendre sans dot, des mains d’un débiteur public, réduit à la misère ? Voilà les maux immenses dont. Stéphanos nous menaçait tous, sans que jamais nous lui eussions fait aucun tort. Heureusement les