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PLAIDOYER

Discours de Théoemeste.

Bien des raisons, Athéniens, m’ont déterminé à intenter contre Nééra la présente accusation, et à me présenter devant vous. Nous avons été indignement traités par Stéphanos, nous avons couru, par son fait, les plus grands dangers, mon beau-père (01) et moi, ma sœur et ma femme. Aussi la lutte que j’entreprends aujourd’hui n’est pas une attaque, c’est une revanche ; car, si nous sommes ennemis, c’est lui qui a commencé, sans avoir jamais eu à se plaindre de ce que nous ayons rien dit ou rien fait contre lui. Mais je veux d’abord vous faire connaître ce que nous avons souffert de sa part, afin que vous soyez plus indulgent pour moi en me voyant combattre pour ma défense. Je veux vous montrer comment nous avons couru les plus grands dangers de perdre notre patrie et notre honneur.

Un décret du peuple athénien avait conféré la qualité de citoyen d’Athènes à Pasion et à ses descendants, en récompense des services rendus par lui à l’État. Mon père (02) partagea le sentiment qui avait porté le peuple à accorder cette faveur. Il donna sa fille et ma sœur en mariage à Apollodore, fils de Pasion. C’est d’elle que sont nés les enfants d’Apollodore. Apollodore eut d’excellents procédés, soit envers ma sœur, soit envers nous tous, nous traita en réalité comme des parents, et rendit tout commun entre nous ; aussi je pris à mon tour pour femme la fille d’Apollodore, qui était ma nièce. Au bout de quelque temps, il